La ville de Vernon, située de part et d’autre de la Seine, est fortement connectée au fleuve. Des transversales, qu’on appellera des « traverses » paysagères structurent le territoire, elles jouent un rôle de connecteur entre ville et vallée. Perpendiculaires à la Seine, parfois larges, souvent étroites, elles offrent un paysage singulier et des vues sur le fleuve et articulent des liaisons vers la ville.

Chacune possède son identité. Elles constituent une transition préparatoire jusqu’à la découverte de la vallée, c’est ce qui en fait leur richesse. Certaines ont la particularité de s’achever par un évènement sur les quais tout en ponctuant la promenade le long du fleuve. La proposition s’appuie sur cette figure urbaine qui s’accroche sur les hauteurs de la ville et s’encre sur les berges avec un lieu de destination.

Notre réflexion exploratoire sur l’habitat et la gestion des risques se décline à travers six enjeux :
• Rétablir un rapport apaisé avec le risque et vivre sereinement avec les forces de la nature ;
• Profiter du paysage de la vallée de la Seine ;
• Développer un habitat hybride entre collectif et individuel ;
• S’inscrire dans un projet- territoire en s’inspirant des caractéristiques urbaines locales ;
• Penser un développement urbain responsable en engageant une désimperméabilisation progressive des bords de Seine ;
• Poursuivre la mutation urbaine engagée pour faire évoluer l’image de l’entrée de ville côté boulevard et la façade sur Seine.

Une mixité programmatique et des façades animées
Le projet développe une quarantaine de logements avec des espaces collectifs/mutualisés.
Côté boulevard, en rez-de-chaussée, 900 m² de locaux d’activités permettent d’engager la transformation de l’entrée de ville tout en préservant un tissu économique valorisant les entreprises du territoire. La façade sur l’avenue de Paris est traitée sous forme de séquences successives, rythmant le parcours et offrant une image renouvelée de l’entrée de Vernon. L’alternance entre bâti et espaces libres plantés, crée une façade active et vivante. Ponctuellement, de nouvelles perspectives s’ouvrent vers la Seine dans la logique des traverses.
Côté Seine, le projet participe à l’animation des quais et s’inscrit dans la continuité des aménagements avec un lieu attractif à destination des habitants : le jardin flottant sur la barge est un espace collectif de convivialité. À l’échelle de l’ilot, entre le boulevard et Seine, un nouveau paysage évolutif à la fois urbain et naturel crée la transition du minéral vers le végétal, jusqu’au fleuve.

Principes urbains et paysagers : une logique transversale
Le projet s’inscrit perpendiculairement à la Seine, il complète le système des traverses. Cette implantation rend possible le passage de l’eau et favorise les vues et continuités paysagères vers la Seine. La mise sur pilotis des bâtiments facilite l’écoulement de l’eau et limite les conséquences de retrait et gonflement des argiles. Les logements et leurs terrasses sont légèrement décollés du sol, en restant au plus proches du terrain naturel. Ils sont implantés hors d’eau, à la côte 16.75 ngf, garantissant une protection totale des habitants. L’accès aux logements est assuré en toute circonstance grâce à un réseau de passerelles légères situé au niveau de la cote référence projet (16.75ngf). L’utilisation d’une structure en acier avec un platelage ajouré permet une résistance à l’eau et garantit une transparence hydraulique et visuelle.

Un système hydraulique support du projet de paysage
L’eau est une constituante majeure du projet. Fil directeur de l’organisation du site, elle en fait sa force et spécificité par le paysage et la qualité de vie qu’elle génère. Les eaux de pluie et de ruissèlement sont traitées de façon aérienne dans un système hydraulique support du projet paysager. Deux dispositifs hydrauliques distincts et complémentaires diminuent les aléas liés aux inondations. Un bassin d’expansion à l’aval du site permet par un système de vanne et de clapet de remplir rapidement le bassin en cas de crue, de stocker l’eau et de la relâcher plus lentement en maitrisant le débit de fuite pour favoriser une décrue plus rapide du fleuve. En amont du bassin et à mi-pente du site, une noue centrale permet de stocker les eaux de ruissèlement. L’eau est rejetée avec un débit de fuite limité par ruissèlement vers le bassin aval et donc le fleuve. Ce dispositif permet de différer la montée en charge du fleuve et créer ainsi un écrêtage des crues. Le paysage associé à l’eau se structure selon un gradient allant de la prairie sèche à une végétation aquatique. Une palette de plantes locales est privilégiée pour renforcer la biodiversité et participer à la bonne santé des écosystèmes. Sur la barge un jardin de fleurs et d’arbustes reste présent en toute saison. Ce jardin s’élève avec les crues pour devenir une véritable ile face au grand paysage du fleuve en crue en cas de submersion des berges. Cette permanence malgré la fluctuation est emblématique du projet.

Nouvelle forme d’habitat
Entre habitat individuel et collectif, les logements présentent une forme hybride. Ils se développent à travers une succession d’espaces allant du plus privé au plus partagé. Cette forme urbaine intermédiaire offre les qualités de la maison tout en apportant une dimension collective. Chaque bâtiment (1 à 3 lgts) fait partie d’une grappe et des usages et des services mutualisés. Le projet s’appuie sur l’identité urbaine et paysagère de Vernon et pose les jalons d’une nouvelle dynamique. Face à l’augmentation des risques climatiques, le projet offre une réponse forte et optimiste pour vivre en bord de Seine.